L’épreuve d’explication de choix de traduction fait partie des épreuves écrites d’admissibilité de l’agrégation interne et se présente comme une « démonstration d’analyse grammaticale ». Cet exercice consiste à justifier une proposition de traduction en s’appuyant sur une analyse grammaticale des éléments concernés dans les deux langues. Comme toute démonstration, elle doit être menée avec rigueur et suivre un plan précis, aboutissant à une explication de traduction logique et cohérente. Ce plan suit quatre étapes qui sont généralement rappelées dans le libellé de la question de l’épreuve.
Les quatre parties de la démonstration sont toutes essentielles et il ne faut en négliger aucune. La démonstration doit être rédigée en français et non pas en espagnol. Le plan à suivre est le suivant :
Partie 1 : Identification des éléments à analyser + formulation d’une problématique.
Partie 2 : Exposé/description théorique du système dans la langue source/langue de départ.
Partie 3 : Exposé/ description théorique du système dans la langue cible/langue d’arrivée.
Partie 4 : Justification du ou des choix de traduction.
Pour réussir l’étape d’identification de cette partie introductive, il est nécessaire d’avoir acquis de solides bases grammaticales. En effet, il est demandé d’identifier grammaticalement, et de manière précise, les éléments à analyser. Ces éléments peuvent être de nature variée. Vous pourrez être amenés à identifier :
• Un ou plusieurs morphèmes appartenant à une même catégorie (pronoms, prépositions, déterminants, une forme verbale, suffixes, etc.)
• Un segment (une structure d’emphase, une voix passive, une proposition, etc.)
Pour identifier correctement ces éléments, il est important de connaître les catégories et fonctions grammaticales, ainsi que les définitions et la terminologie grammaticale adéquates, spécifiques aux différents éléments susceptibles de tomber le jour de l’épreuve. Consultez ici la liste des points à réviser pour cette épreuve.
Cette analyse grammaticale doit être précise, mais elle ne doit cibler que les éléments importants qui seront abordés dans l’exposé et qui sont utiles à la résolution du problème de traduction. Il n’est pas nécessaire d’analyser tous les composants d’une segment souligné, car cela serait inutile et constituerait une perte de temps pour la suite de l’épreuve. Par exemple, si le segment souligné est une proposition, il faudra se concentrer sur la nature et la fonction de cette dernière, identifier le temps et le mode des verbes mais il est inutile de donner la nature et fonction de tous les mots qui la composent.
Dans cette même partie introductive, après l’identification, vient l’étape de formulation de la problématique. Celle-ci doit mettre en lumière les difficultés de traduction qui surviennent lors du passage d’une langue à l’autre.
Les rapports de jury ont rappelé à plusieurs reprises qu’il ne faut pas « présenter la problématique sous l’angle de la traduction ». Il est donc recommandé d’éviter les remarques telles que « Nous verrons comment traduire le pronom on en espagnol ». En effet, cette considération ne constitue pas une problématique et ne propose aucune approche comparative sur le traitement de l’indétermination du sujet et des tournures impersonnelles dans les deux langues. Elle suggère à tort qu’il existe des équivalences directes et systématiques en espagnol pour traduire le français, comme si cette langue s’était construite en fonction du français.
Cette approche de traduction directe d’une langue à l’autre pose moins de problèmes dans l’enseignement de l’espagnol du secondaire, puisque les élèves ne connaissent généralement qu’un seul des deux systèmes. De plus, avec l’approche communicative et actionnelle, la grammaire s’intègre à des contextes et son utilisation est souvent abordée comme un outil au service de la communication, et ne s’étudie que rarement comme une fin en soi. Cependant, au niveau universitaire, la grammaire peut être enseignée pour elle-même et la maîtrise des deux langues est indispensable. Ainsi, il devient alors pertinent d’adopter une approche grammaticale comparative sans pour autant…
Le double exposé théorique, visant à expliquer le fonctionnement des systèmes français et espagnol, doit être traité en deux parties distinctes. Il n’est pas possible de les combiner en un seul développement par un système de va-et-vient entre les deux langues.
Cette présentation théorique doit, dans une première partie, décrire le fonctionnement grammatical de l’élément à analyser dans la langue source (celle du texte de départ), puis, dans une partie distincte, elle doit expliquer son fonctionnement dans la langue cible (celle du texte à traduire).
Cette présentation doit être rédigée avec soin. La copie doit être aérée avec des paragraphes et la démonstration doit contenir des parties et des sous-parties.
La description des deux systèmes constitue l’élément central de la démonstration et doit être la plus complète possible. Les rapports de jury insistent sur ce point : « Cet exposé théorique est la partie la plus importante de l’épreuve : en ce sens, il se doit d’être le plus précis et complet possible […] » (Rapport de jury agrégation interne 2019). C’est à partir de cette présentation grammaticale qu’il faudra s’appuyer pour justifier la traduction. Il est par conséquent essentiel de s’assurer que les points de grammaire qui concernent l’énoncé soient tous abordés dans ce double exposé.
Néanmoins cela n’est pas suffisant et le rapport de jury de 2019 rajoute à ce sujet : « […] le candidat ne doit pas se limiter aux contextes qui apparaissent dans le texte. Il doit, au contraire, faire une explication, bien que non nécessairement exhaustive, présentant les possibilités les plus communes et problématiques, ce qui lui permettra, par contraste, de présenter les spécificités de la ou des forme(s) à analyser par rapport au reste du système auquel elle(s) appartien(nen)t.»
En effet, pour comprendre le système dans sa globalité et saisir les spécificités de chaque langue, il est nécessaire d’aborder le plus de contextes possibles. Par exemple, si l’on ne se concentre que sur les caractéristiques d’une seule des valeurs du subjonctif - celle représentée dans l’énoncé souligné - sans mentionner les autres valeurs, cette explication sera certes utile pour justifier son emploi dans notre traduction, mais ne donnerait qu’une vision partielle de ce mode sans refléter toute sa complexité. C’est pour cette raison que l’exposé ne doit pas être trop sommaire.
Une erreur fréquente relevée dans les rapports de jury est celle du déséquilibre entre les deux parties de l’exposé.
Il arrive parfois que la partie décrivant le système français soit négligée, car considérée comme plus évidente pour un francophone, ou inversement. Cependant, il est important de maîtriser les deux grammaires et de les développer de manière égale afin que la présentation théorique soit complète. Pour équilibrer les deux parties de l’exposé, assurez-vous de consacrer un temps équivalent à chacune d’elles.
En ce qui concerne l’évaluation de cette partie, le rapport de jury de 2019 rappelle que « […] la connaissance de la grammaire française est aussi importante que celle de la grammaire espagnole, les deux étant évaluées à parts égales. »
Dans le rapport de jury de 2017, un autre point concernant le barème est abordé : « Les deux volets de cette explication comptent au moins pour plus de la moitié voire pour les deux tiers des points attribués dans la notation de l’épreuve. »
Dans la mesure où la démarche de l’exposé doit être comparative, il est possible de mettre en perspective les exemples en utilisant les mêmes dans les deux langues. Sur ce sujet le rapport de jury de 2021 explique : « Là encore, le jury attend un exposé clair, structuré et illustré par des exemples (qui peuvent être d’ailleurs les traductions des exemples présentés dans la partie précédente).
Traduire les exemples d’une partie à l’autre n’est donc pas une obligation, mais une possibilité qui peut permettre d’illustrer clairement les similitudes et divergences entre les deux systèmes. Autre précision utile concernant les exemples : « Ces exemples peuvent être inventés ou pourquoi pas, être choisis dans le texte étudié. » (RJ 2020)
En ce qui concerne l'approche comparative attendue, et dans un même souci de clarté, le jury de 2021 conseille de résumer les points abordés : « Il conviendra, au terme de cette partie, de souligner les points de divergence entre les deux systèmes. » Cette recommandation méthodologique n’est pas spécifiée dans tous les rapports de jury mais pourrait permettre d'atteindre une plus grande clarté.
Bien que cette partie soit la dernière, elle doit être développée avec autant de soin que les précédentes. En effet, il s’agit de la résolution du problème, ce qui rend cette partie essentielle dans la démonstration. Cette dernière étape doit être abordée de manière méthodique :
Tout d’abord, il convient de rappeler les éléments soulignés à analyser et de proposer une traduction, en s’assurant qu’elle soit bien évidemment identique à celle fournie dans le texte que vous aurez traduit.
Ensuite, il faudra identifier les structures et justifier cette traduction en s’appuyant autant que possible sur l’exposé théorique présenté au préalable. Il est essentiel d’établir des parallèles avec les points abordés dans l’exposé afin de démontrer en quoi celui-ci vous permet de justifier la traduction.
Pour ce faire, il faudra, pour chaque élément souligné, préciser dans un premier temps à quel cas il se réfère dans l’exposé sur le fonctionnement de la langue source. Puis, indiquer à quelle traduction il correspond en fonction de ce que vous aurez dit dans la partie sur la langue cible.
Rappelons également qu’il peut être souvent pertinent de justifier une traduction en tenant compte du contexte, en prenant soin d’analyser le passage, les sentiments et les intentions communicatives du locuteur. Ceci est particulièrement important lorsqu’il s’agit, par exemple, de justifier le choix d’un temps ou d’un mode.
Il en va de même pour le « critère de style » lorsqu’il s’agit de choisir entre deux propositions de traduction. Il arrive parfois que plusieurs traductions soient possibles, sans que le choix de l’une ou de l’autre n’affecte la fidélité ou l’exactitude de la traduction. Le choix d’une proposition de traduction peut donc, dans certains cas, relever d’un choix stylistique et peut être abordé dans cette dernière partie, sans pour autant être obligatoire.
A ce sujet, le rapport de jury de l’agrégation interne de 2018 précise : « Ce n’est qu’à ce moment-là [cette dernière partie] que peut intervenir, éventuellement et de surcroît, un critère stylistique de choix traductionnel. »
Rappelons que, de toute évidence, il ne doit rester qu’une seule traduction, sans qu’il y ait l’ombre d’un doute concernant ce point.
Vous retrouverez ici un récapitulatif de tous ces points méthodologiques abordés.
Toutes les explications données ci-dessus s’appuient sur les consignes et conseils méthodologiques mentionnés dans les rapports de jury des dernières années. Cependant, il est important de rappeler que toute lecture est sujette à interprétation et que toute reformulation comporte le risque de déformer les propos initiaux. Ces explications ont donc pour objectif de fournir une aide méthodologique aux candidats de l’agrégation interne, mais ne remplacent aucunement la lecture et la relecture des rapports de jury.
Publié par Quetzali
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